Le retour de la volaille importée va couler l’aviculture locale (professionnel)

mardi 16 avril 2013

Dakar, 15 avril (APS) - La filière avicole sénégalaise risque de subir un éventuel effondrement si les autorités du pays venaient à céder aux pressions extérieures réclamant la réouverture du marché local aux importations de volaille, selon un professionnel du secteur.

‘’Si l’Etat ordonnait l’ouverture des frontières maintenant, ce serait lourd de conséquences parce que notre filière n’est pas compétitive par rapport à ces pays-là (Brésil et États-Unis)’’, a confié le directeur du Centre national d’aviculture (CENA), Dr Makhtar Diouf.

Dans un entretien paru dans l’édition d’avril du magazine Gouvernance, Dr Diouf, un vétérinaire, a indiqué que l’industrie avicole sénégalaise est passée d’une production de cinq millions de poussins en 2006 pour atteindre 20 millions de poussins en 2011.

‘’Nous avons subi les assauts du Brésil, des États-Unis, etc., mais on a tenu bon’’, s’est-il réjoui, reconnaissant toutefois que ‘’la fermeture des frontières cause un manque à gagner énorme pour l’Etat qui perd des taxes sur les importations de matériels avicoles, de volaille’’.

En 2005, le Sénégal interdisait les importations de volaille pour donner de l’élan à son industrie locale. ‘’En ce moment, on avait un taux d’importation phénoménal avec les cuisses de poulet qui venaient de partout’’, a rappelé le directeur du CENA.

Citant des statistiques internes, il a relevé que 75% des fermes avicoles produisant de la chair de volaille étaient fermés, entraînant la perte de 7.500 emplois. Créé en 1964, le CENA a été érigé en centre d’impulsion pour la modernisation de l’élevage en 2007.

‘’Depuis 2006, tous les poulets consommés au Sénégal sont produits au niveau local. Il n’y a pas une surproduction et même si tel était le cas, cela ne poserait pas de problème. Il y a des pays de la sous-région, comme la Gambie, qui pourraient en profiter’’, a estimé Dr Makhtar Diouf.

‘’Nous avons plutôt un problème d’organisation du marché et d’organisation des producteurs’’, a-t-il soutenu. Il a signalé d’autres difficultés internes qui plombent l’envol de la filière avicole sénégalaise, dont le coût de production de l’aliment de volaille.

‘’Les aliments pour la volaille sont chers parce que nous ne produisons pas de matière première, notamment le maïs’’, a-t-il poursuivi, soulignant l’infortune des industriels locaux. ‘’La SEDIMA a besoin de 25.000 à 30.000 tonnes de maïs bon an, mal an, tout comme NMA, c’est énorme.’’

Samedi dernier, la Brigade des douanes de Rufisque a saisi 100 cartons de cuisses de poulet, soit une tonne. ‘’Le prévenu, après avoir accepté de transiger, a été libéré. Lesdites marchandises frauduleuses ont été détruites. L’importation de cuisses de poulets est interdite au Sénégal’’, révélait le même jour la douane sénégalaise.

‘’Nous demandons à l’Etat, particulièrement au ministère de l’Elevage de prendre les mesures nécessaires pour assurer la vigilance au niveau des frontières et du port de Dakar et d’organiser des contrôles des inspecteurs vétérinaires sur les marchés’’, a déclaré Amadou Mactar Mbodji, président de la Fédération des acteurs de la filière avicole (FAFA).

Source : Agence de presse sénégalaise (APS), le 15 avril 2013



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