PROJET DE GESTION DURABLE DES TERRES (GDT)

lundi 8 avril 2013

FORMATION DES LEADERS D’ORGANISATIONS DE PRODUCTEURS ET DES ELUS LOCAUX

C’est quoi le projet GDT ?

Le projet de gestion durable des terres (2010-2012) est une opération test mise en place par l’Etat du Sénégal grâce à l’aide financière non remboursable du Fonds Mondial pour l’environnement (FEM). Il a pour objectif principal de "lutter contre la dégradation des sols, d’accroître et soutenir la productivité agricole, et protéger, remettre en état les fonctions et services des écosystèmes dans les zones agro écologiques prioritaires".

Le projet GDT part de constats alarmants : l’impact de la dégradation des sols touche deux tiers des terres arables du pays et a un coût économique de 1% du PIB – cette dégradation a des effets néfastes sur la fertilité des sols, les revenus des paysans, la cohésion sociale (migration, chômage). Les efforts consentis par l’état et les populations pour lutter contre la dégradation des terres n’ont pas produit des résultats significatifs or le secteur rural constitue un axe majeur du développement économique et social du Sénégal.

Le projet GDT vise la restauration des bases productives : l’adoption de la GDT à grande échelle reste limitée au Sénégal. Le projet a pour objectif principal de lutter contre la dégradation des sols, d’accroître et soutenir la productivité agricole, et protéger, remettre en état les fonctions et services éco systémiques dans les zones agro écologiques prioritaires.

Le projet GDT est un projet de renforcement de capacités qui mise sur les synergies entre les composantes et les acteurs. Ses composantes sont : Composante A : « Appui au système de recherche Agro-sylvo-pastorale » - Composante B : renforcement des services de conseil agricole - Composante C : Appui aux Organisations de Producteurs - Composante D : Coordination sectorielle. L’INP et les services du Ministère de l’environnement sont fortement impliqués dans ce projet.

Le projet GDT reconnaît la nécessité de renforcer la participation des ruraux à la gestion durable des terres. La lutte contre la dégradation des terres ne concerne pas seulement un acteur. Tous les acteurs doivent y contribuer de manière concertée, cohérente, coordonnée. Les organisations socioprofessionnelles, les communautés locales en particulier les jeunes et les femmes y ont un rôle important à jouer. Pour ce faire, elles doivent avoir les capacités nécessaires pour susciter les changements qu’impose la situation actuelle.

Le projet concerne 8 communautés rurales du bassin arachidier à savoir Déaly (région de Louga), Touba Mosquée (région de Diourbel), Niakhar et Fimela (région de Fatick), Latmingué (région de Kaolack), Diamagadio (région de Kaffrine), Méouane et Notto Diobass (région de Thiès).

L’ASPRODEB est le maître d’ouvrage de la composante C qui comprend trois sous composantes dont la sous composante 3 "Formation des leaders d’organisations de producteurs et des élus locaux à l’intégration de la GDT dans l’élaboration des politiques agricoles et des plans locaux de développement". Cette Sous-composante vise deux objectifs spécifiques à savoir :

  • Une meilleure prise en charge de la GDT par les élus locaux dans l’élaboration et la mise en œuvre des plans locaux de développement
  • Le renforcement des capacités de leaders d’organisations de producteurs et des élus locaux en matière de formulation de propositions et de négociation avec les autres acteurs du développement agricole.

Afin d’être significatif et d’apporter une contribution des ruraux dans l’élaboration du Cadre National d’Investissement Stratégique sur la GDT (CNIS) qui sera élaboré par le projet, 200 leaders d’organisations de producteurs et d’élus locaux bénéficieront de ce programme de formation

LE MANDAT ET LES REALISATIONS DE LA FONGS

Le mandat :

La Fongs, en sa qualité de maître d’ouvrage délégué de la Sous-composante 3 a comme mission d’assurer la bonne mise en œuvre du programme de formation des responsables d’OP et des élus locaux à travers quatre principales tâches :

  • L’appui au choix des candidats ;
  • L’élaboration du plan de formation ;
  • La mise en œuvre du plan de formation ;
  • Le suivi évaluation et la capitalisation des acquis.

Le projet pédagogique :

Les besoins en renforcement de capacités des organisations paysannes sont importants et demandent des approches innovantes pour une meilleure prise en compte des enjeux multiples auxquels elles doivent faire face pour promouvoir une agriculture familiale productive et durable. La gestion durable des terres est aujourd’hui au cœur de ces enjeux. Elle est une nécessité pour le développement agricole et rural et pour le développement local durable.

La gestion durable des terres exige pour être efficace, de s’appuyer sur une gouvernance locale participative qui suppose l’engagement mutuel des conseils ruraux, des organisations socioprofessionnelles, des producteurs et des communautés de base.

La lutte contre la dégradation des terres est une lutte de longue haleine. Elle doit être intégrée. Il faut s’attaquer aux causes profondes (structurelles) du phénomène dont les facteurs socioéconomiques qui contribuent à la désertification. En outre, la lutte contre la dégradation des terres ne concerne pas seulement un acteur. Tous les acteurs doivent y contribuer de manière concertée, cohérente, coordonnée. Les organisations socioprofessionnelles, les communautés locales en particulier les jeunes et les femmes y ont un rôle important à jouer. Pour ce faire, elles doivent avoir les capacités nécessaires pour susciter les changements qu’impose la situation actuelle.

C’est sur la base de ces considérations et à travers une démarche participative, que la Fongs a élaboré le plan de formation. Elle est partie de l’analyse d’un contexte changeant qui induit auprès des responsables paysans et des élus locaux, la nécessité d’en comprendre les enjeux et de développer en conséquence des capacités stratégiques. Elle s’est ensuite appuyée, pour construire le projet pédagogique, sur une bonne connaissance du vécu des acteurs concernés à travers leurs perceptions, leurs missions et visions, leurs activités, les relations qu’ils développent et les difficultés qu’ils rencontrent.

Quatre objectifs généraux :

La formation vise à renforcer les capacités stratégiques des responsables d’OP et des élus à partir de leurs acquis et de leurs questionnements afin de leur permettre de mieux organiser leurs connaissances, approfondir l’analyse de leurs réalités, construire une vision partagée du développement de leurs terroirs, formuler des propositions argumentées, conduire des négociations avec les autres acteurs, mettre en place et animer des dispositifs de suivi évaluation, organiser la participation des OP à la prise de décision et à la gestion de programmes qui les concernent. Pour ce faire, à l’issue de la formation, les élus et responsables d’OP concernés seront capables de :

  • Mettre en évidence les enjeux stratégiques et les défis de la gouvernance locale en matière de gestion durable et équitable des ressources naturelles ;
  • Construire une vision actualisée et socialisée du développement local à partir notamment de l’état des ressources naturelles, de la productivité des exploitations familiales et des dynamiques économiques locales ;
  • Formuler des orientations stratégiques et des plans opérationnels en matière de gestion durable et équitable des ressources naturelles ;
  • Construire des stratégies de communication et de négociation en vue de mobiliser les acteurs et les ressources nécessaires à une gestion durable et équitable des ressources naturelles.

Pour atteindre ses objectifs pédagogiques, la formation a été structurée en 3 sessions de 4 jours chacune et une phase de recherche appliquée entre deux sessions. Les formations durent 12 mois par cohorte de 25 responsables d’OP et élus locaux. Chaque session s’articule autour d’une question ayant un sens pour les participants et des thèmes permettant la réflexion sur cette question :

La première session s’intitule : "gouvernance locale et gestion durable des terres : Qui sommes nous, où en sommes nous ?" Son objectif général est "Repérer et analyser les grands changements du contexte qui ont eu lieu et comment certains effets de ces changements se font sentir encore aujourd’hui au niveau des sociétés locales et des exploitations familiales".

La deuxième session s’intitule : "Gouvernance locale et gestion durable des terres : Où voulons nous aller ?" Elle cherche à mettre en évidence :

  • La situation actuelle des exploitations familiales et des terroirs villageois en rapport avec l’état des ressources naturelles ;
  • Les enjeux stratégiques et les défis des populations, des OP et des élus en matière de gestion durable et équitable des ressources naturelles ;
  • La pertinence d’une démarche de planification stratégique comme réponse partagée à la dégradation des terres et des ressources naturelles ;
  • Les étapes, méthodes et outils de la démarche de planification stratégique en matière de gestion des ressources naturelles.

La troisième session s’intitule : "Gouvernance locale et gestion durable des terres : Comment travailler avec les autres acteurs ?" Son objectif général est "Analyser les facteurs qui mettent souvent les OP et les collectivités locales en position défavorable dans les négociations avec les autres acteurs et renforcer la maîtrise des méthodes et outils de la négociation et les capacités à les adapter en fonction des différentes catégories d’acteurs concernés".

SCHEMA DU PARCOURS PEDAGOGIQUE

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LES REALISATIONS

2010 : Préparation du démarrage des formations

Les activités de préparation du démarrage des formations ont été conduites de manière participative. Ce qui a permis une bonne socialisation du programme et une construction commune du plan de formation.

2011-2012 : Mise en œuvre des formatons

Les formations ont effectivement démarré en Février 2011 :

  • 100 responsables d’OP et élus locaux ont été entièrement formés dans le premier groupe de 4 communautés rurales : Fimela, Déaly, Diamagadio et Notto Diobass ;
  • 100 responsables d’OP et élus achèvent leur formation en Mai 2012 : deuxième groupe de 4 communautés rurales, Touba Mosquée, Latmingué, Niakhar et Méouane ;
  • 3 modules innovants ont été élaborés ainsi qu’un plan de formation stratégique des responsables d’OP et des élus locaux.

Effets et impact de la formation

L’impact de la formation se mesure dans la durée mais déjà des effets encourageants se font sentir à travers certaines transformations que les acteurs ont repérées.

La prise de conscience des acteurs de base des enjeux et défis de la dégradation des terres est rehaussée aussi bien au niveau des élus que des OP.

A cela, les acteurs lient plusieurs éléments :

  • Une meilleure compréhension des mutations de leur environnement, et un éveil de conscience sur les risques de spéculations foncières ;
  • Une meilleure compréhension des complémentarités entre Collectivité Locale et OP ;
  • Une prise de conscience sur le rôle et les responsabilités du conseiller rural dans la gouvernance locale.

Le changement de comportements des acteurs locaux

Ce changement se traduit par leur mobilisation et leur engagement à construire de nouveaux rapports et de nouvelles perspectives :

  • L’utilisation rationnelle des ressources naturelles est devenue un credo dans les communautés rurales ;
  • Les acteurs de base reconnaissent les insuffisances stratégiques de leurs PLD et s’engagent progressivement à y apporter les avenants concernant la GDT ;
  • Les relations entre les Conseils Ruraux, les CLCOP et les services techniques locaux se consolident de plus en plus ;
  • Emergence d’une meilleure collaboration entre les CLCOP et les Conseils Ruraux.

Renforcement du capital humain local

Le capital humain local s’est renforcé grâce notamment à une meilleure capacité d’analyse et l’acquisition de méthodes et d’outils de travail personnels qui ont permis :

  • L’utilisation de certains animateurs locaux dans des programmes environnementaux ;
  • L’amélioration des services des OP à leurs membres surtout en ce qui concerne l’animation, l’analyse de contexte et la planification, l’éducation environnementale.
  • L’amélioration de la visibilité institutionnelle et de la légitimité des CLCOP

La bonification des CLCOP se lit à travers notamment :

  • Une image rehaussée auprès des collectivités locales et des autorités administratives ;
  • L’extension des CLCOP à travers l’augmentation de l’adhésion de nouveaux membres.


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