Un positionnement stratégique qui tient compte de l’évolution du contexte

vendredi 15 mars 2013
par  Fongs

Fédération des ONG du Sénégal – Action paysanne

5. POSITIONNEMENT STRATÉGIQUE

Six tendances lourdes marquent l’évolution du contexte :

1) Une forte transition démographique : la population sénégalaise estimée à 12,9 millions d’habitants en 2010 devrait atteindre les 20 millions en 2030 selon les prévisions des Nations Unies. La structure démographique se modifiera avec une augmentation significative de la population active. L’évolution de l’emploi et des secteurs d’absorption des nouveaux actifs s’impose ainsi comme une question centrale. La cohorte annuelle de jeunes actifs entrant sur le marché du travail est estimée actuellement à 269.000 personnes. Elle devrait atteindre 376.000 en 2025, et 411.000 en 2030 (UNPD, 2009). Concernant le monde rural, ce nombre de jeunes actifs passera de 153 000 personnes en 2010 à 165 000 en 2025. Se pose alors la question urgente de savoir comment fournir des emplois en nombre suffisant et en qualité, pour créer des revenus suffisants à des jeunes et des femmes de plus en plus nombreux.

2) Une société rurale en évolution, agissant également sur les comportements, les modes de consommation et la nature des besoins des populations avec toute fois certains indicateurs qui progressent lentement (source : Gouvernement du Sénégal – suivi DSRP) :

• Le taux d’accès raisonnable à l’eau potable a connu une progression de 56% en 2000 à 61% en 2005 en milieu rural ;

• Forte tendance à l’électrification rurale avec la réalisation de plusieurs projets de l’agence Sénégalaise pour l’électrification rurale qui projette d’atteindre un taux d’électrification en 2022 de l’ordre de 60%.

• Le taux brut de scolarisation élémentaire est passé de 71,6% à plus de 86% entre 2002 et 2007 ;

• Le taux de consultation des postes de santé primaire curatifs a évolué positivement, mais lentement, passant de 33% en 2002, à 52% en 2005

• Le taux de couverture vaccinale est passé de 56% en 2001 à 80% en 2005 et la proportion d’accouchements assistés, de 40% à 62% sur la même période ;

3) Pourtant, la pauvreté est plus que jamais présente : 51,2 % des ménages sont en situation d’insécurité alimentaire sévère tandis que 41,3 % en insécurité alimentaire modérée selon la République du Sénégal – 2008

4) Cette situation a été aggravée par les différentes crises qui persistent encore : alimentaire, économique, financière, et climatique.

5) Sur le plan politique, le mouvement paysan continue depuis la transition libérale de 2000 d’avoir une faible emprise sur l’orientation des programmes agricoles. Le mouvement paysan autonome a su non sans mal faire face aux tentatives d’instrumentalisation de l’État, et a montré une capacité à être autonome à travers ses positions (Participation aux assises nationales, positions défendues sur le foncier, les programmes agricoles, etc.). Cela sans réellement parvenir à inverser les tendances prises par les actes de l’état.

La grande nouveauté au niveau de la société civile est l’émergence de nouveaux mouvements sociaux nés de frustrations ou du refus de la perpétuation des tendances lourdes décrites. Ces mouvements sociaux font suite également à la tenue d’assises nationales ayant mobilisé l’essentiel des acteurs non étatiques : CONGAD, CNCR, partis d’opposition, personnalités religieuses, hautes personnalités ayant occupé des postes de responsabilité aux niveaux international et national.

Six mois après l’accès au pouvoir d’un autre parti (libéral), suite aux élections de février/mars 2012, des incertitudes peuvent être relevées quant à la réelle volonté de miser sur l’agriculture familiale pour nourrir le Sénégal. Les différences de vision persistent entre les pouvoirs publics et les organisations paysannes autonomes, et cela s’illustre tous les jours dans la pratique à travers les attributions de terres à grande échelle à des nationaux et firmes étrangères sous prétexte qu’ils ont du capital, au détriment des exploitations familiales autochtones – comme qui dirait les actes avant la loi, en pensant à la réforme foncière tant évoquée depuis plusieurs années.

6) Les politiques d’intégration sous régionale à travers l’UEMOA et la CEDEAO suscitent de grands espoirs, en termes d’amélioration des services et d’augmentation des marchés. Mais la mise en œuvre des décisions, notamment la libre circulation des biens et des personnes, se heurte encore à des obstacles opérationnels tandis qu’on vit encore les blocages au niveau des négociations UE-ACP, et OMC. La reconnaissance formelle de la place et du rôle de l’exploitation familiale dans les textes de politique agricole régionale tarde à se traduire en acte dans la mise en œuvre des programmes nationaux.

Dans ce contexte et compte tenu des avancées obtenues (voir encadré), la FONGS valorise sa position intermédiaire entre les organisations paysannes à la base (associations) et la plateforme paysanne nationale (CNCR) et son savoir faire en termes de suivi/accompagnement direct des exploitations familiales pour atteindre un impact direct en termes d’amélioration de la productivité des exploitations familiales bénéficiaires, et un impact indirect en termes d’alimentation des propositions paysannes et des politiques agricoles et de développement rural. D’où la visée claire de « l’amélioration des capacités des EF à nourrir le Sénégal et à contribuer à la création de richesses » en cherchant d’une part de meilleures façons d’appuyer les exploitations familiales et, d’autre part de développer les connaissances acquises dans le courant d’ensemble du mouvement paysan autonome sénégalais, ouest africain et africain.


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